Goma : Quand certains étudiants retournent au secondaire

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Les conditions de plusieurs étudiants congolais ne sont plus à décrire. Pas assez d’ouvrages, des laboratoires ou carrément les mauvaises conditions d’apprentissage dans univers. Si les universités privées sont pointées du doigt dans l’assurance qualité des enseignements, les universités publiques brillent par des conditions difficiles sur le plan matériel. A Goma, quelques étudiants retournent au secondaire pour apprendre dans des salles de classe.

Il est 15h15, la cours de l’institut Mont Goma est vide, aucun élève en vue. Un soleil piquant s’abat sur l’école, pendant qu’un vent frais fait flotter le drapeau de la République, planté devant la préfecture. Quelques salles de classes restent ouvertes dont une située au milieu de la cours scolaire qui fait directement penser à une salle de professeurs, à en juger par le tas de livres et des feuilles de papier et de cahiers qui encombrent ses tables, derrière lesquelles travaillent 5 hommes dans un silence assourdissant.

Des filles et des garçons qui ne sont pas en uniforme bleu et blanc occupent la première année littéraire. Ce sont des étudiants de la première année de graduat dans la Faculté des Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Goma. Un calme du désert règne, chaque étudiant est concentré à écrire sur sa feuille, un journal papier à côté.

Au fond de la classe, un homme noir d’environ la trentaine, habillé en costume noir, le téléphone à la main ; dirige le travail. C’est l’Assistant Innocent Buchu qui a demandé aux futurs journalistes d’écrire une brève partant du journal qu’il leur a donné. << Nous étudions ici à l’Institut Mont-Goma quand toutes les salles de l’Unigom sont occupées ou quand il y a des  troubles au Campus du Lac >> se lamente David Asimwe. Un autre étudiant assis au cinquième pupitre derrière  ajoute : << cette promotion est là moins peuplée des premiers graduats de l’Unigom après celle de la géologie, c’est pour ça que nous avons de la chance de convenir dans une salle de classe puisque nous ne sommes que 56 étudiants. >>.

Au premier pupitre de la dernière rangée partant de la porte métallique peinte en bleu, une fille brune habillée en chemise à carreaux verts et en pantalon noir a fini le travail, c’est Ormiel Mihigo, elle raconte les conditions d’étude du début de l’année qui l’auraient marqué :<< les premiers cours que nous avons étudié étaient en tronc commun avec les facultés de droit, des sciences politiques et des relations internationales. Ensemble, nous étions plusieurs centaines. Les cours commencent à 08h mais il fallait venir avant pour tenter d’avoir une place convenable car ceux de derrière ne comprenaient rien vu la distance qui les séparaient de l’enseignant. Ceux qui trouvaient des places devant devaient être là à 06h et ceux qui venaient en retard suivaient les cours en dehors de la salle, sous un soleil accablant… Dans la salle que nous occupions, les étudiants s’asseyaient à 6 voire même à 7 sur un même banc, on ne peut pas écrire librement ou même bouger comme on veut. C’était en février, pendant la deuxième vague de Covid 19. Dieu est grand, malgré tous ces contacts, aucun étudiant de l’Université n’avait été testé positif à cette maladie >>.

Il fait 15h30 minutes, la salle peinte en bleu et blanc bouillonne. Certains étudiants ont fini le travail donné par l’assistant et d’autres restent concentrés malgré les chuchotements présents dans la salle. << Malgré les mauvaises conditions d’études, nous persévérons ici car l’Unigom est une université de l’Etat, ses diplômes ont plus de valeurs que ceux des universités privés mais aussi comparé à ces universités privées , ici on paye moins cher une bonne qualité d’enseignement, ce qui explique un grand effectif d’étudiants >> explique Serge Ngabo. Le jeune homme noir préfère rester positif en ajoutant que : << chaque année, les étudiants payent les frais de construction. Cette année nous avons payé 20$ chacun. L’Unigom a un chantier à Mugunga et même si les travaux traînent, nous espérons que dans les années qui viennent, nous étudierons dans des conditions un peu plus meilleures>>.

  • Par  Lucien Sebuke

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