TDOV2023: « Nous devons changer les choses. La transidentité n’est pas un crime. » (Pamela Tekasala)

0
144
views

Nous le savons peut-être tous que l’homosexualité n’est pas du tout considéré comme un crime selon le code pénal Congolais. Mais en République démocratique du Congo, les personnes homosexuelles continuent à être maltraitées et discriminées par la société. Pire, il y a certaines qui sont rejetées par leurs familles. Les personnes transgenres principalement font face aux insultes, injures et harcèlement dans leur quotidien.

Toutes ces violences gratuites et harcèlements ont en effet des répercussions considérables sur la santé que ce soit physique ou mentale de victimes. Malheureusement, cela passe en toute impunité sous l’œil impuissant des autorités.

Bien que l’homosexualité ne soit pas pénalisé en RDC, plusieurs personnes transgenres vivent le calvaire dans leur vie quotidienne: Insultes, mépris et rejet collectif dans la société, certaines personnes transgenres sont excommuniées même dans les églises qui les accusent d’être possédées par des esprits impurs.
Elles sont déjà très peu à être acceptées au travail seulement à cause de leur Orientation Sexuelle Identité et Expression de genre (OSIEG/SOGIE).

A l’occasion de la journée internationale de la visibilité trans célébrée chaque 31 mars de l’année, Pamela Tekasala, une activiste et blogueuse peint un tableau sombre de personnes transgenres en République Démocratique du Congo.

« La situation est vraiment déplorable. Nous vivons dans une société qui a du mal à accepter la différence des autres. Les personnes Homosexuelles sont victimes de plusieurs violences, et plus particulièrement, les personnes trans qui sont les plus exposées à des violences verbales, physiques, sexuelles, psychologiques et économiques. Elles sont aussi victimes des arrestations arbitraires des rejets familiaux, des viols correctifs, humiliations, bref, elles soumises à la vindicte populaire.
C’est très déplorable que cela se passe dans un pays où la majorité de la population prie et va à l’église, lieu où l’on apprend l’amour du prochain, mais malheureusement, cette population est incapable d’accepter la différence des autres… »
a-t-il indiqué.

Il y a t-il des avancées enregistrées en RDC par rapport à la manière dont les personnes trans sont perçues ?

La montée en puissance du numérique a amorti le choc.
Petit à petit, la transphobie diminue, et cela grâce notamment à la lutte que mènent les activistes LGBTQ+ à travers les médias et sur les réseaux sociaux.

« Les gens s’ouvrent peu à peu au monde, et cela grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). A travers les médias et réseaux sociaux, les personnes LGBTQ+ essayent de faire valoir leurs compétences en mettant au devant de la scène les talents, capacités et potentialités qu’elles ont. C’est donc une façon pour elles de montrer au monde que l’homosexualité de manière générale et principalement le transidentité est très loin d’être considérée comme un handicap physique ou mental. Et qu’en dehors d’être une personne trans, elles ont beaucoup d’autres choses à apporter à la société. Ce contact avec le monde extérieur à travers le numérique a fait le contrepoids sur la balance à tel point que certaines personnes changent leur point de vue sur les personnes transgenres en RDC. » a-t-il renchéri.

Une minorité sexuelle discriminée en RDC

« Les personnes trans sont humiliées chaque jour. Chaque semaine, à travers les médias, l’on peut voir une personne transgenre arrêtée de manière arbitraire par le simple fait qu’elle soit trans. Comment peut-on humilier quelqu’un au vue de tous du simple fait qu’il soit homme mais habillé comme une femme ?
Pourquoi rejeter une femme sur le plan physique qui parle et gesticule comme un homme?
Pour la société congolaise, cela est un crime. Les personnes trans sont souvent arrêtées comme ça dans la rue et placées devant la caméra à la merci de tous. Elles ont même du mal à accéder à l’emploi. Celles qui cachent leur transidentité sont facilement acceptées. Mais il suffit juste de s’assumer et déclarer haut et fort son identité de genre comme trans pour être victime de la discrimination et stigmatisation. »

L’ignorance crée la violence..

Ceux qui s’attaquent aux personnes trans sont généralement ignorants. L’être humain a peur de ce qu’il ne connaît pas et devient ainsi violent. Personne n’a choisi sa nature. Que se soit les hommes, les femmes ou les personnes transgenres, tous sont fruit de la nature.

 « On ne choisi pas de devenir homosexuel. On ne choisi pas de changer sa nature. Avec toutes les violences que subissent les personnes homosexuelles et transgenres plus particulièrement, je ne vois pas qui peut se choisir un tel calvaire. S’il y a quand même des gens qui se déclarent transgenres en dépit de la violence, comprenez qu’ils n’ont aucun choix. De la même manière qu’un homme ne peut pas cacher sa masculinité, une femme sa féminité, il est difficile, voir même impossible qu’une personne trans cache sa transidentité. C’est naturel. L’homosexualité n’est pas un choix. C’est inné. Si la population congolaise accède à la bonne information sur cette thématique, cela va réduire considérablement les violences que cette couche sociale subit. »

La Transexualité, une déviation sexuelle ?

Contrairement à ce que plusieurs pensent, l’homosexualité en générale, ou la transidentité en particulier n’est ni un trouble mental, moins encore une maladie.
En 1990, l’Organisation Mondiale de la Santé, OMS en sigle, a retiré l’homosexualité de la liste des pathologies mentales. Cela est le résultat d’une étude qui a prouvée noir sur blanc que l’homosexualité est plutôt génétique et non une maladie. Donc il est important de souligner que les personnes homosexuelles ne choisissent pas leur état d’homosexualité. Elles sont plutôt nées homosexuelles.

L’écosystème doit être amélioré pour les personnes trans.

En Afrique en général et en RDC en particulier, l’absence des lois spécifiques portant protection des personnes homosexuelles sont inexistantes. Cela renforce les violences et la discrimination à l’égard de cette couche sociale. La loi en RDC ne reconnaît pas les personnes homosexuelles comme une minorité sexuelle discriminée. C’est ce qui fait que ces gens continuent à être marginalisés et humiliés quotidiennement.

« La neutralité de la loi congolaise sur la question de l’homosexualité laisse la voie libre à tout le monde de faire ce qu’il veut aux personnes homosexuelles. Cela permet également à certains politiciens et leaders religieux de se créer une popularité derrière une campagne de diabolisation de la communauté LGBTQ+.
Tant qu’il n’y aura pas une loi spécifique qui protège cette minorité sexuelle marginalisée, il y aura des répercussions importantes sur la vie de plusieurs, même ceux ne faisant pas partis de la communauté LGBTQ+, comme par exemple en matière de santé, il serait difficile voir impossible d’éradiquer le VIH/Sida d’ici 2030 conformément à la résolution de l’ONU/Sida, parce qu’il y aura des personnes obligées de cacher leur orientation sexuelle et identité de genre pour se conformer à la société héténormée, tout en menant « une double-vie » avec plusieurs autres partenaires de même sexe, d’où le risque d’exposition aux IST et au VIH/Sida.
L’Etat congolais devra reconnaître que les personnes transgenres sont une minorité sexuelle menacée. Une loi spécifique portant protection de cette minorité sexuelle devrait être votée pour que les violences et la discrimination à l’égard de cette communauté cesse. »

«  Merci de m’avoir accordé cet interview que je pense va attiré l’attention de nos autorités, des décideurs mais également de toute la population. Je saisie cette même occasion pour envoyer toute ma compassion et mon soutien à la communauté LGBTQ+, principalement la communauté Trans de l’Ouganda pour cette dure épreuve qu’elle traverse en ce moment à cause de cette loi criminalisante qui vient de voir le jour en Ouganda, de la part de nos autorités qui ne sont jamais capable d’éradiquer la faim et la misère dans nos pays mais sont toujours prêts à voter pour des lois barbares contre les faibles. Je pense à vous et comme moi bien d’autres personnes. Restez en vie, on a tous le droit à notre part de bonheur. La lutte continue »

Transgenre, se dit d’une personne qui ne s’identifie pas au genre qui lui a été assigné à la naissance (Exemple : un homme biologiquement qui se sent femme ou une femme physiquement qui dans son fort intérieur se sent homme).

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here